Vous marchez à peine quelques mètres lorsque vous apercevez un homme sur une moto. Il est vêtu d’une chemise jaune, facilement reconnaissable. Quelques mètres plus loin, vous en voyez un autre, habillé de la même chemise jaune. Vous arrivez subitement sur un grand carrefour, où vous tombez nez à nez avec une circulation dense, au sein de laquelle vous comptez de très nombreuses motos, conduites par des motards tous vêtus de façon identique. Vous comprenez alors sans difficulté qu’il s’agit là des fameux Zem, dont vous parlait plus tôt dans la journée un de vos hôtes. Vous vous souvenez sans mal de ce qui vous a été dit et criez alors à un des motards qui passe devant vous : « kékéno ! » (Vous avez appris entre temps que cette interpellation signifiait « taxi » en langue locale, le Fon).
La moto-taxi s’arrête juste devant vous et vous demandez alors au motard s’il peut vous emmener au marché de Dantokpa. Celui-ci acquiesce par un signe de tête et vous invite à grimper à l’arrière. Vous vous mettez d’accord sur le prix en avance, car, contrairement aux taxis ordinaires, il n’y a pas de compteur sur ces véhicules. Vous proposez 1000 francs CFA, soit 1,50 €, que le conducteur accepte sans broncher. Vous entendez alors la moto démarrer, et le conducteur se faufile alors rapidement de rue en rue. Vous vous accrochez du mieux que vous pouvez, car vous n’avez pas de casque. Au bout de deux ou trois minutes, une femme tenant un sac – de courses certainement – fait un signe de la main et lance un « kékéno ! » à votre chauffeur. Celui-ci s’arrête. La surprise vous saisit lorsque la femme enfourche la moto derrière vous : vous ne pensiez pas que l’on pouvait prendre plusieurs passagers sur ces motos ! Elle indique au chauffeur la même destination que vous et vous voilà repartis aussitôt.
Vous profitez des brefs moments où votre chauffeur s’arrête pour lui poser quelques courtes questions sur ces moyens de transport plutôt atypiques à vos yeux, afin de satisfaire votre intarissable esprit de curiosité. Vous apprenez alors que Zem est l’abréviation de Zemidjan, qui signifie littéralement « emmène-moi ». C’est un moyen de transport inventé par les Béninois et des milliers de personnes se déplacent chaque jour grâce à lui. En outre, le prix est tout à fait raisonnable, puisqu’il va de 100 à 1000 francs CFA, soit de 0,15 à 1,50 € pour des petits trajets, et il varie en fonction du kilométrage, de l’heure ou encore du nombre de passagers. En tout cas, il s’agit sans aucun doute du moyen de transport le plus plébiscité par les habitants, selon votre pilote.
Une dizaine de minutes passent lorsque vous apercevez un grand écriteau où vous pouvez lire « marché de Dantokpa ». Le chauffeur vous indique que vous êtes à destination et vous descendez de la moto en même temps que la dame qui voyageait derrière vous. Vous tendez quelques billets au motard, qui les prend puis s’éclipse sans plus tarder. Vous sortez alors votre carnet de voyage et écrivez en vous appuyant sur un mur :
Cotonou : moyen de transport : le Zem. Moto-taxi, très efficace, présent absolument partout dans la ville, impossible de les louper avec leurs chemises jaunes. Faire en sorte de bien s’accrocher. Motards connaissent bien la ville, vous emmènent partout où vous voulez. Sans doute le moyen le plus économique pour se déplacer ici. En revanche, certainement plus difficile pour les longs trajets ou pour se déplacer à travers le pays.
Vous rangez ensuite le carnet dans votre sac à dos et vous dirigez sans perdre de temps vers l’entrée du marché pour y découvrir nourriture, vêtements, objets en tous genres typiques du Bénin et discuter avec les vendeurs et les habitants qui viennent faire leurs courses hebdomadaires.
Après avoir passé la journée à flâner entre les stands, puis être allé voir la majestueuse place de l’étoile rouge, vous décidez de rentrer pour vous coucher. Vous diriez que votre journée fut enchanteresse ! Vous faites signe à un motard de Zem, qui vous ramène rapidement chez vos hôtes.