Un courant d’air chaud vient de vous expulser et vous voilà le nez dans la poussière. Relevant la tête en crachotant, vous vous rendez compte avec stupéfaction et un brin de méfiance que vous êtes de nouveau dans la salle d’accueil du bâtiment principal de l’animation. Une salve d’applaudissements accueille votre bruyante entrée et vous finissez par décider de vous relever. Seriez-vous enfin sorti de ce cauchemar ? Vous n’osez y croire.
La dame vêtue de noir s’approche de vous et vous sourit, puis vous confirme ce que vous espériez de tout votre cœur.
« Félicitations à vous, vous avez réussi à sortir du labyrinthe ! On applaudit bien fort s’il vous plaît ! »
Les applaudissements redoublent, ainsi que votre gêne. Le public ne pourrait-il pas regarder ailleurs ? Vous en avez marre et souhaitez juste rentrer chez vous, reprendre la lecture du chapitre 5 du tome 3 de la saga que vous aviez commencée. C’est sans compter avec la dame en noir, qui vous tend le micro.
« Alors ? Vos ressentis concernant cette méthode d’apprentissage novatrice ? »
Vous la regardez en écarquillant les yeux. Certes, vous avez acquis quelques notions sur l’alimentation, mais vous avez aussi mal partout ; on vous a trimballé à droite à gauche dans le noir, et vos chaussures neuves sont pleines de poussière et de choses non identifiées avec lesquelles vous ne souhaitez pas faire connaissance. Votre patience commence à avoir largement dépassé ses limites. Vous grommelez un semblant de réponse afin d’en finir avec ce calvaire au plus vite et rentrer prendre une douche chaude. Un air ravi se dessine sur le visage de la dame face à votre réponse (ce n’était clairement pas votre but, mais bon, si elle est ravie, tant mieux…), et vous commencez à vous éloigner en direction de la sortie.
« ATTENDEZ VOUS N’AVEZ PAS REÇU VOTRE CADEAU ! » hurle la dame dans le micro. Votre tympan gauche siffle après cette agression sonore. Vous n’osez plus esquisser un geste et attendez la suite des événements. Un homme arrive en trottinant vers vous, essoufflé de vous avoir couru après. Sa chemise trempée de sueur témoigne du fait que vous n’êtes sûrement pas la première personne ayant participé au jeu à s’enfuir et après laquelle il a dû courir. Vous le plaignez un peu, ce brave homme. Tentant d’esquisser un sourire entre deux profondes inspirations, il vous tend une enveloppe.
« Tenez, c’est pour vous. Profitez-en bien, et encore toutes nos félicitations ! » Sur ces douces paroles, il repart en trottinant pour se replacer à son poste. Un grincement se fait entendre, et un homme est projeté dans les airs avant de tomber sur le sol avec un bruit sourd. Une nouvelle salve d’applaudissements retentit et la dame s’approche de lui à grandes enjambées.
Comprenant que c’est un autre joueur, vous profitez du fait que l’attention du public soit tournée vers ce pauvre homme pour sortir de la pièce.
***
Quelque temps après…
***
Vous voilà sur la place d’un marché où règne une grande agitation. Des personnes circulent en taxi moto au milieu de la foule, les gens parlent fort, vous croisez des rires, des sourires, dans une langue chantante que vous ne reconnaissez pas.
Tout ce monde vous perturbe un peu. Vous vous mettez sur le côté et cherchez un panneau pour vous éclairer. Cotonou, c’est ce que vous lisez un peu partout. Cotonou… Au Bénin ? Vous êtes au Bénin ? Vous arrêtez une personne passant dans la rue pour lui demander si vous êtes bien au Bénin. La personne vous regarde, l’œil interrogatif (étrange de ne pas savoir où l’on est !) avant de confirmer. Décidément, ce jeu ne finira donc jamais !
En effet, vous aviez décidé de ne jamais ouvrir la fameuse enveloppe quand vous avez eu la mauvaise idée de laisser votre curiosité prendre le dessus. Vous avez à peine eu le temps de vous saisir des pièces de monnaie contenues à l’intérieur qu’on vous a transporté ici, sans la moindre idée de la façon dont vous avez voyagé.
Votre ventre gargouille et vous vous approchez d’un restaurant. Vous trouvez une place à l’intérieur avant de vous rendre compte que vous n’avez pas de quoi payer. Fouillant vos poches, vous y trouvez quelques pièces en francs CFA. Cela vous rassure, alors vous commandez un petit peu de tout ce qu’on vous propose, ayant hâte de découvrir les différentes spécialités locales.
La nourriture est délicieuse ! Vous avez cependant très soif et souhaitez boire de l’eau.
Alors, allez-vous demander un pichet d’eau du robinet ou faire ouvrir une bouteille en plastique pour vous ? À vous de choisir…