Cette histoire se passe dans un temps relatif, une centaine d’années après que vous ne commenciez de lire ces lignes.
Il n’est pas tout à fait huit heures lorsque le soleil commence à poindre à l’horizon. À travers la fenêtre se dessine un paysage obombré et morne que la rosée matinale semble étouffer férocement. Assis sur une chaise en métal derrière une table étroite, vous attendez l’arrivée de votre nouveau professeur d’histoire. Il faut dire que l’ancien était un peu original et avait démissionné en urgence de ses fonctions pour, avait-il annoncé, s’occuper de son chien qui faisait une dépression nerveuse…
Soudainement, une odeur nauséabonde emplit l’ensemble de la classe. Peu tranquille, vous vérifiez que cela ne vienne pas de vous en reniflant discrètement votre aisselle droite… Non, tout va bien. D’ailleurs, le professeur vient de rentrer et s’approche dangereusement. C’est alors seulement que vous comprenez que la puanteur émane de sa bouche ! Comme il vient de vous dire bonjour au bord des narines, vous réprimez un mouvement de recul instinctif pour tenter de lui sourire. C’est peine perdue, vous avez décidément la prestance d’une bouteille de liquide vaisselle. Espérons au moins que le cours sera intéressant.
Alors que vous vous demandez si votre nouveau professeur pourrait faire faner un rosier avec son haleine, ce dernier allume prestement l’écran mural et s’adresse à l’ensemble de la classe :
– Bonjour à tous, ce cours portera sur la pollution liée au plastique causée par nos ancêtres dans la première partie du XXIe siècle. Pour cela, nous allons commencer par visionner un court documentaire datant de l’année 2016 qui alertait déjà les populations à propos des problèmes environnementaux. Vous verrez qu’à l’époque, les gens se fichaient complètement de l’écologie et n’avaient aucun scrupule à ne pas recycler les matériaux.
Le vidéogramme démarre et vous pouvez observer des habitations ainsi que des personnes d’époque. Une voix-off commente :
« Plus de 75 % de l’ensemble du plastique déjà produit est aujourd’hui un déchet. Aussi, en raison d’une mauvaise gestion, on estime qu’un tiers des déchets plastiques sont entrés dans la nature sous forme de pollution terrestre, d’eau douce ou marine.
Les déchets mal gérés font référence au plastique non collecté, jeté sur la voie publique ou géré dans des décharges non contrôlées. On estime que la majorité de ces déchets plastiques mal gérés ont pollué les écosystèmes terrestres et que 80 % du plastique dans l’océan provient de sources terrestres.
Les terres, l’eau douce et les océans de la planète sont contaminés par des macro, micro et nano-plastiques. Chaque année, les humains et d’autres espèces animales ingèrent de plus en plus de nano-plastique (via les aliments et l’eau potable), dont l’ensemble des effets est encore inconnu. La pollution plastique tue la faune, endommage les écosystèmes naturels et contribue au changement climatique. Trop peu d’incitations existent pour garantir que les déchets plastiques sont gérés correctement, et encore moins récupérés pour être recyclés ou réutilisés. Si le plastique n’est pas correctement trié ou éliminé, les déchets sont jetés directement dans des décharges ou déversés dans la nature. Cette incapacité mondiale à gérer les déchets plastiques explique que, chaque année, un tiers d’entre eux, soit 100 millions de tonnes, se transforme en polluant terrestre ou marin. »
– Bien, reprit le professeur en éteignant l’écran, votre travail pour cette séance consistera à utiliser vos équipements de réalité virtuelle pour suivre l’histoire du plastique et de sa pollution afin de réaliser un travail écrit. Vous avez cinquante minutes.
Sans perdre de temps, vous revêtez votre casque numérique et les accessoires de contrôle de motricité. Au début du reportage, la date de la découverte du plastique s’était affichée sur l’écran, mais impossible de vous en souvenir avec certitude…