Au premier coup d’œil, vous comprenez que votre recherche ne sera pas des plus aisées dans cette petite boutique à l’ancienne ! Les piles de livres sont plus hautes les unes que les autres et on dirait que l’outil informatique n’a pas encore franchi les portes de ce commerce. La vendeuse, pleine de bonne volonté, est un peu dure d’oreille et vous devez vous y prendre à trois fois pour lui faire comprendre le titre du livre recherché, un classique de science-fiction des années 90. Pendant qu’elle s’active en réserve pour retrouver l’exemplaire qu’elle cherche, vous parcourez les allées étroites. Un rayon est consacré à la question du handicap. La coïncidence est trop grande pour que vous ne vous y attardiez pas. Le premier ouvrage que vous feuilletez est consacré aux grandes lois de référence dans l’histoire du handicap. Certaines retiennent plus particulièrement votre attention.

La première, la loi Denis Cordonnier, relative à l’aide aux aveugles et grands infirmes, date de 1949 et reconnaît le handicap mental et sa problématique. Elle établit notamment le droit à une pension à des personnes qui ont une incapacité de plus de 80 % selon le barème d’invalidité pour les pensions militaires de 1919. Elle met également en place une carte d’invalidité civile, qui donne droit à des places réservées dans les chemins de fer, métro et autres transports en commun. Cette loi a donné son nom à un Esat (Établissement et service d’aide par le travail) à Dardilly près de Lyon, les Ateliers Denis Cordonnier, géré par la Fondation ARHM.

Avec la loi d’orientation en faveur des personnes handicapées de 1975, l’approche évolue. On ne parle plus d’enfants inadaptés et d’assistance, mais d’enfants handicapés et de solidarité. Cette loi a défini des droits aux personnes en situation de handicap et instauré le principe de solidarité nationale comme obligatoire. Elle définit comme une obligation nationale « la prévention et le dépistage des handicaps, les soins, l’éducation, la formation et l’orientation professionnelle, l’emploi, la garantie d’un minimum de ressources, l’intégration sociale et l’accès aux sports et aux loisirs du mineur et de l’adulte handicapés physiques, sensoriels ou mentaux.

Une autre loi importante a marqué l’année 1975, c’est celle relative aux institutions sociales et médico-sociales, qui réglemente les conditions de création, de financement, de formation et de statut du personnel des établissements et services du secteur.

1975 est aussi l’année de l’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une déclaration des droits des personnes handicapées.

La loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale réaffirme la place des personnes accompagnées dans le secteur et entend promouvoir l’autonomie, la protection des personnes et l’exercice de leur citoyenneté. Elle rend obligatoires des documents, des instances, des procédures d’évaluation et des sanctions au sein des établissements et services.

En 2005, la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées met la personne en situation de handicap au centre des préoccupations. Elle apporte des évolutions pour répondre aux attentes des personnes handicapées elles-mêmes dans cinq grands domaines : la compensation, la scolarité, l’emploi, l’accessibilité, les Maisons départementales des personnes handicapées. Il s’agit de permettre à tous de réaliser leur « projet de vie ». Cette loi met en œuvre le principe nouveau du droit à la compensation des conséquences du handicap.

Le rapport de Denis Piveteau de 2014, « Zéro sans solution : le devoir collectif de permettre un parcours de vie sans rupture, pour les personnes en situation de handicap et pour leurs proches », replace, lui aussi, la personne en situation de handicap au cœur de l’action médico-sociale.

Alors que vous vous apprêtez à quitter les lieux, la vendeuse reparaît finalement avec le livre que vous cherchiez. Vous laissez de côté celui que vous étiez en train de parcourir pour aller payer. L’étiquette indique encore un prix en francs ! Cette boutique vous aura fait faire un drôle de voyage dans le temps…

En sortant, vous décidez de passer par la bibliothèque pour avancer sur votre recherche d’orientation :