Vous êtes un Jiminy au bout du rouleau. Quelle journée éprouvante ! Vous vous accordez tout juste le temps d’aller dans votre propre cuisine vous servir un grand verre d’eau fraîche. À votre retour, face à l’écran de contrôle, un nouveau décor : la gare. Aline a donc bien quitté la maison de ses parents. Elle est assise sur un banc, son grand sac à ses pieds, tête baissée.
Te voilà à la gare ma grande. C’est malin ! Tu sais même pas l’heure du prochain train. Heureusement, Matt a promis de venir me chercher, quelle que soit l’heure. Je n’arrête pas de revoir Sophie au moment où j’ai passé le portail. Elle a vaguement levé la main et s’est tournée vers sa mère pour la serrer contre elle. Elle a attrapé son père par le bras pour refermer le cercle et j’ai laissé là un bien joli trio.
À mon avis, ça doit faire déjà une heure que j’attends comme une conne, affalée sur ce sale banc. J’ai mal au crâne. J’ai le corps complètement vidé.
Je ne sais même pas si j’ai bien fait de jeter la demi-poupée dans une poubelle. Elle me pèse quand même sur l’estomac.
Ça vibre. Ah oui, mon téléphone. C’est qui ? Matt ? Merde, non, un message de Sophie. Et je l’ai déjà ouvert, quelle idiote je fais. Sans réfléchir. Que me veut cette fille qui a dressé un mur de non-dit entre nous ? Du coup, ça dit quoi ?
« Il n’a plus jamais fait ça. Je crois que c’est grâce à toi. »
Les larmes qui jaillissent dans les yeux d’Aline vous empêchent de voir avec netteté le petit cœur rouge qu’elle a mis à la fin.