Chapitre 27

Vous n’avez en fait pas le choix : vous créez votre compte OnlyFan. Vous postez des photos de vous, en tenue légère pour commencer.  Vous êtes toujours dans la rue, mais vous percevez vos premiers gains. Juste de quoi acheter un ou deux repas par jour ; c’est si peu et si essentiel. Vous sentez peser sur votre dos une épaisse solitude, mais vous avez l’impression d’exister auprès de vos abonnés OnlyFan.

Ceux-ci en demandent toujours plus ; vous acceptez pour plus d’argent. Le temps est à la pluie. Vous vagabondez sans cesse, de place en place, de quartier en quartier, à la recherche d’endroits où vous abriter. Vos abonnés élèvent encore leurs exigences, mais vous refusez car cela demanderait d’investir dans des équipements neufs pour une meilleure qualité photographique. Vous ne pouvez pas vous le permettre et de toute façon, exposer votre nudité dans des lieux publics plus ou moins discrets vous gêne terriblement.

Quelques jours plus tôt, au cours de vos déambulations, vous avez découvert ce qui vous a semblé être un squat, mais vous tenez à votre indépendance, alors vous avez passé votre chemin. Où était-ce ?

Vous prenez le temps d’y réfléchir à nouveau. Tout se remet en question dans votre tête. Qu’est-ce qui serait le mieux pour vous ? Est-ce que vous vivriez mieux ? Cela subviendrait-il à vos besoins ? Selon les heures, selon vos humeurs, vous répondez de manière contradictoire à toutes ces questions ; vous hésitez. Le temps devient de plus en plus exécrable ; il vous faudrait un toit. Vous décidez finalement de clore votre compte OnlyFan. Certes, il vous a permis de gagner un peu d’argent, mais vous serez mieux avec un toit au-dessus de la tête.

Encore dans le doute quant à la bonne décision à prendre sur cet éventuel abri, vous vous sentez brutalement à bout. Vous n’en pouvez plus. Ça va trop loin et ne vous ressemble pas. Malheureusement, la réalité vous a rattrapés vous et vos errances.  Que faire ?  Vous n’avez plus aucun moyen de grapiller ne serait-ce que quelques pièces et vous ne pouvez pas compter sur la personne censée vous aimer. Sans argent, sans ressources, vous ne savez plus quoi faire.

Vous marchez sans but. La nuit tombe, le froid vous envahit, vos rares affaires sont réunies dans un sac poubelle, l’espoir vous quitte. Il ne vous reste pour dormir que le banc du parc, humide, exposé au vent, où vous attendent au mieux un rhume, au pire …