Vous entrez l’année 1896 sur votre machine. Qui sait ? Peut-être aurez-vous un coup de chance. Sur une terre aride et sous un soleil de plomb, vous entreprenez de chercher un endroit ombragé avant de vous rappeler qu’il ne s’agit que d’une simulation informatique. Il n’y a pas grand-chose à voir. Quelques arbres épars, l’endroit semble désert. Cependant, en y regardant de plus près, vous constatez qu’à certains arbres sont attachés des pots dans lesquels coule une résine ressemblant fort à du caoutchouc. Vous demandez alors à l’équipement de réalité virtuelle de vous faire une description de la situation.

État indépendant du Congo, année 1896, gouverné par le roi des Belges, Léopold II. Ici, il a droit de vie et de mort sur tous les êtres vivants. Même s’il ne viendra jamais visiter cet état grand comme les deux tiers de l’Europe, il en organise le pillage des ressources naturelles. L’ivoire des défenses d’éléphant est très prisé, mais ce n’est rien par rapport au caoutchouc que l’on trouve à l’état naturel dans la jungle. Pour assurer la récolte, des prises d’otages sont organisées parmi la population pour faire travailler les prisonniers sous la menace.

Depuis quelques années, les habitants ont pris l’habitude de fuir dès qu’ils voient approcher l’armée privée du roi, dite de la « Force publique ». Contre cela, des villages entiers sont rasés et des habitants massacrés. De plus, le soldat est tenu de ramener une main droite coupée pour prouver que chaque munition a bien été utilisée pour tuer un indigène.

Cette année, un fonctionnaire a récupéré 3808 mains droites en une seule fois. Les estimations actuelles indiquent dix millions de morts en trente ans.

Quelques années sont nécessaires avant que les plants d’hévéa n’arrivent à maturité et puissent produire du caoutchouc ; d’où cette collecte aussi intensive de caoutchouc sauvage du « Congo belge ».

Vous vous seriez bien passé de ces dernières informations. Heureusement, cette barbarie appartient au passé, même si rien n’indique qu’elle ne persiste pas sous d’autres formes… Ne souhaitant pas découvrir d’autres horreurs au hasard, vous faites la seule chose à faire, espérant moins de sauvagerie de ce côté :