Encore une belle journée de début d’été qui touche à sa fin ! Chaleur, baignade avec les potes, barbecue improvisé… Tout aurait été parfait s’il n’avait pas fallu vous rendre à cette drôle de soirée.
Lorsqu’elle vous en a parlé, vous n’avez pas trouvé les arguments pour dire non à votre mère qui cherche depuis quelque temps à vous trouver des « occupations utiles », comme elle dit. La manière qu’elle a de s’inquiéter pour votre avenir vous amuse et vous agace à la fois. Après tout, cette année de terminale s’est plutôt bien passée, même si vous cherchez encore votre voie, celle qui vous fera vibrer ! Pas question de faire comme toutes ces personnes qui choisissent un métier comme on tirerait des lettres au scrabble.
Sur le coup, cette soirée vous est apparue comme une bonne occasion de faire de nouvelles rencontres, il paraît que les bénévoles sont sympas… Et le célibat, ça va bien un moment ! Mais quand même… Soirée paëlla avec des handicapés mentaux ! Qu’est-ce qui vous a pris d’accepter ?
Quelle impression bizarre en franchissant la porte de la salle. Quelques personnes en fauteuil, des jeunes et des moins jeunes, les uns qui font de drôles de mimiques, les autres qui attendent stoïques sur leur chaise et ceux qui serrent la main de tous les arrivants, y compris vous, comme si elles les connaissaient depuis toujours… Le premier mot qui vous vient à l’esprit : DIVERSITÉ.
En tout cas, difficile de dire avec certitude qui a un handicap et qui n’en a pas parmi les huit cents personnes présentes ! Vous avez discuté pendant un long moment de la question du handicap mental avec un certain Pascal, avant de comprendre qu’il était lui-même concerné ! Atteint d’une déficience intellectuelle légère, il est même bénévole dans l’association qui organise la soirée : l’Adapei 69. Son père qui l’accompagne est lui-même très impliqué et vous en a dit pas mal sur ces personnes un peu à part.
Déficience intellectuelle, polyhandicap, autisme et handicap psychique, l’Adapei 69 accompagne des profils très différents, dont le point commun est de vouloir mener une vie « comme tout le monde ». Ce qui vous semble naturel au quotidien n’est pas si facile pour ces personnes et vous ne vous en étiez jamais rendu compte. Démarches administratives, regard de la société et préjugés, manque de places en établissements ou services spécialisés : le parcours est pour beaucoup semé d’embûches et on semble loin de l’inclusion dont on entend tellement parler.
Vous avez même appris qu’il vaut mieux parler de personnes en situation de handicap plutôt que d’handicapés, terme péjoratif qui résume ces personnes à leur handicap. En réalité, si les aménagements nécessaires étaient mis en place et si la société s’adaptait, le handicap n’en serait plus un pour bien des personnes. Il reste encore du boulot pour y arriver !
Handicap ou non, la soirée se déroule dans la bonne humeur pour toutes et tous et vous avez presque l’impression de faire partie d’une grande famille ce soir.
Vous n’avez pas vu le temps passer et il est déjà l’heure de rentrer. Vous avez promis à votre mère de discuter avec elle le lendemain matin de votre choix pour occuper votre été et gagner un peu d’argent par la même occasion ! Deux options s’offrent à vous, toutes deux en lien avec le secteur du handicap, coïncidence troublante…
Lorsque vous vous réveillez, la nuit a porté ses fruits et vous avez enfin fait votre choix pour votre job d’été.