Chapitre 102

Vous marchez quelques mètres à la recherche d’un arrêt de bus. Après avoir fait le tour de quelques rues, sans succès, vous vous décidez à demander de l’aide. Ne voulant pas perdre trop d’un précieux temps, vous demandez à un habitant accoudé à sa fenêtre, un grand verre d’une indéfinissable boisson à la main, s’il peut vous renseigner concernant les bus.

«  Y’a pas mal de bus de sociétés privées par ici. Sinon, on trouve aussi un réseau de minibus qui parcourent la ville.

– Et vous savez comment je peux me rendre au marché de Dantokpa ? demandez-vous.

– Eh bien, je pense qu’il faut que vous preniez un des minibus de la ville. Allez au grand carrefour qui se trouve à 500 mètres dans cette direction ! vous dit-il, tout en pointant du doigt le bout de la ruelle dans laquelle vous vous trouvez.

– Ces bus vont-ils aussi à l’extérieur de la ville ? J’aimerais pouvoir voyager un peu à travers le pays.

– Oui, certains bus et les taxis-brousse sont pratiques pour voyager. Autrefois, on avait une ligne de train plutôt pittoresque qui allait de ville en ville, mais elle a été supprimée…

– Très bien. Merci alors et au revoir !  »

Après cette brève discussion, vous reprenez votre chemin enfin dans la bonne direction. Et en effet, après avoir marché quelques centaines de mètres, vous comprenez que vous vous trouvez sur la grande avenue indiquée par l’homme, du fait du flot dense de véhicules et du nuage de poussière qu’il crée à cause de la route de terre.

Vous attendez alors quelques minutes avant de voir arriver un minibus bleu, roulant plutôt rapidement. Il ne semble pas parti pour s’arrêter. Ne sachant pas vraiment comment faire, vous tendez votre bras pour faire signe au chauffeur, en espérant qu’il vous voit et qu’il s’arrête malgré la circulation épaisse et peu ordonnée.

Le conducteur vous a vu : il se faufile assez habilement entre les voitures pour venir s’arrêter devant vous. Vous ouvrez la portière et demandez si le bus se rend au marché de Dantokpa. Un « oui » de la tête du chauffeur vous fait comprendre que c’est bien le cas. Vous vous installez alors sur le dernier siège disponible, à côté d’une jeune femme tenant un grand sac dans ses mains. Le bus repart aussi vite qu’il s’est arrêté et se fond dans la circulation.

Pendant le trajet, vous décidez de lancer la conversation avec votre voisine :

«  Vous vous rendez au marché ? lancez-vous en guise de phrase d’approche.

– Absolument, j’y vais toutes les semaines avec le minibus. Et vous, vous voyagez ?

– Vous racontez alors à votre interlocutrice votre démarche, que vous être en train de faire un tour du monde et que votre escale du moment est dans cette charmante ville.

– Incroyable ! vous répond-elle, les yeux scintillants. J’aimerais faire comme vous un jour… Et vous vous rendez vous aussi au marché, je suppose ?

– Exactement, on m’a dit que c’était l’une des principales choses à faire ici et puis j’ai envie de découvrir ce que je pourrais y dénicher.

À peine avez-vous fini votre phrase que le minibus passe sur un cul-de-poule et vous fait sursauter. La femme peine alors à cacher son sourire, ce qui vous fait sourire à votre tour.

– Vous n’avez pas l’habitude des Tokpa-Tokpa, à ce que je vois ! vous lance votre nouvelle connaissance, hilare.

– Les quoi ? demandez-vous, perplexe.

– Les Tokpa-Tokpa, c’est comme cela que l’on nomme les minibus ici. C’est en référence au fait qu’ils se dirigent en grande majorité vers le marché de Dantokpa.

– D’accord ! Vous pouvez m’en dire plus sur ces véhicules ? demandez-vous alors, éternellement victime de votre curiosité.

– C’est un moyen de transport très populaire, qui est beaucoup utilisé ici. Ce n’est vraiment pas cher, en tout cas beaucoup moins que les taxis ordinaires ! Vous voyez à l’avant, le jeune homme à côté du chauffeur ? On l’appelle l’apprenti :  c’est lui qui se charge de collecter l’argent quand les voyageurs rentrent dans le minibus. Et à l’arrière, l’autre jeune que vous voyez, la tête à moitié sortie, agitant son bras et criant « Tokpa Tokpa », c’est un autre assistant qui sert d’harangueur de foule en quelque sorte.

– Surprenant ! dites-vous alors.

– Nous arrivons. Regardez ! vous indique votre nouvelle connaissance, en pointant du doigt un bâtiment surmonté d’un panneau qui annonce : « marché dantokpa ».

Le bus s’arrête alors subitement et l’assistant du chauffeur s’exclame « Dantokpa, tout le monde descend ! ». Ni une ni deux, vous sortez du véhicule, comme tous les autres passagers et vous remerciez chaleureusement votre interlocutrice pour la passionnante discussion que vous avez eue dans le bus. Chacun part alors de son côté et vous vous dirigez alors vers les très nombreux étals qui s’offrent à vous, que vous comptez bien arpenter longuement.

Après avoir passé la journée à gambader entre les stands, vous décidez de rentrer chez vos hôtes ; la fatigue est écrasante. En attendant qu’un autre minibus arrive, vous vous asseyez sur le rebord d’un trottoir et sortez votre carnet de route. Vous ouvrez une nouvelle page et écrivez :

Cotonou : moyen de transport : Le « Tokpa-Tokpa », sorte de minibus qui traverse la ville en direction du marché de Dantokpa. On sait quand un de ces véhicules approche, car un assistant harangue les gens en criant « Tokpa-Tokpa » à la fenêtre. Pas cher et pratique pour se rendre au marché.

Vous finissez d’écrire ces lignes quand un de ces minibus arrive, auquel vous faites signe. Celui-ci s’arrête et vous reconduit alors rapidement chez vos hôtes.