Vous retrouvez votre amie Anne-Sophie accompagnée de son grand frère Sam. C’est la première fois que vous le rencontrez. Vous aviez beaucoup entendu parler de ce frère, sans jamais vraiment y prêter attention et vous comprenez seulement aujourd’hui que Sam vit dans une résidence pour adultes qui ont une déficience intellectuelle. Décidément, tout vous ramène à ce sujet en ce moment !
Sam se lance dans un long monologue pour vous raconter son parcours ; on ne peut plus l’arrêter. Sa sœur l’écoute et l’on sent une certaine fierté dans son regard. Sam a 24 ans et il travaille depuis 3 ans dans un Esat, c’est-à-dire un Établissement et service d’accompagnement par le travail. Il semble avoir trouvé son bonheur au sein de l’atelier d’entretien d’espaces verts. Il intervient toujours avec un moniteur qui lui apprend le métier. Lui au moins semble avoir trouvé sa voie ! Auparavant, il avait passé quelques années en IME, Institut médico-éducatif, après avoir été scolarisé jusqu’au collège. Mais cette expérience en milieu « ordinaire », comme il dit, n’a pas été facile. « Malgré leur bonne volonté, les enseignants manquent de formation, les élèves ne sont pas sensibilisés, le matériel d’apprentissage n’est pas adapté », vous explique Anne-Sophie. « Dans mon monde idéal, tous les enfants et adolescents iraient dans les mêmes établissements scolaires, mais avec des enseignements adaptés et assez de moyens pour que chaque enfant soit correctement accompagné, ce serait ça l’inclusion ! », s’emporte-t-elle.
Sam semble tout à coup nerveux. Anne-Sophie lit son inquiétude et le rassure. Elle vous explique que Sam va voter pour la première fois demain pour le premier tour des élections présidentielles et qu’il se pose encore pas mal de questions. Va-t-il faire les choses dans l’ordre ? Les assesseurs vont-ils lui permettre d’entrer dans l’isoloir avec sa sœur comme la loi l’y autorise ? Toutes ces choses qui nous paraissent naturelles sont loin d’être faciles pour lui. Anne-Sophie précise que ce sont les premières élections présidentielles pour lesquelles les personnes en situation de handicap peuvent toutes voter, sans autorisation d’un juge pour les personnes sous tutelle comme c’était le cas auparavant. C’est un symbole important et Sam est très fier de se rendre aux urnes pour la première fois, comme tous ses concitoyens. Vous comprenez que Sam ne sait pas bien lire et lorsque vous lui demandez comment il a choisi la personne pour qui il va voter, il raconte que son éducateur spécialisé lui a expliqué les programmes des candidats, qui ont été soumis à l’obligation de fournir des versions « faciles à lire et à comprendre ». Ces textes sont rédigés selon une méthodologie d’écriture pensée pour les personnes avec un handicap mental, utilisant des phrases courtes, des mots simples et expliqués, des pictogrammes…
La conversation est passionnante et vous l’auriez bien poursuivie, mais l’heure tourne !
Vous devez vous rendre à la bibliothèque avant sa fermeture, pour avancer sur votre recherche d’orientation :