Vous éprouvez un soulagement immense à voir Aline faire signe à Sophie en remuant dans l’air un trousseau de clés imaginaires, signifiant ainsi qu’elle doit vous conduire hors de cette nasse oppressante.
Elle comprend tout de suite et n’hésite pas une seconde.
Votre soulagement est immense. Voilà une bonne décision : fuir est parfois LA solution. Bravo Aline ! Vous calculez que vous disposez de bien vingt minutes pour vous détendre avant de retrouver Aline à la gare ou dans le train. Une petite marche autour du pâté de maison sera bienvenue ; tant pis si vous manquez la conversation dans la voiture.
À votre retour de balade, vous constatez qu’Aline est à la gare, seule sur une chaise baquet en plastique rose. Elle est en plein bilan …
J’ai quand même bien eu raison de venir puisque j’ai renoué avec Sophie. Je me demande comment elle va vraiment ? Elle n’a pas dit un mot, presque rien, au sujet du vieux cochon. Que s’est-il passé après mon départ ? Jamais je n’aurais dû la quitter, la laisser dans les griffes de cette saleté. Il a dû la harceler pendant toutes ces années. Elle ne m’a pas fait assez confiance pour en parler.
Peut-être une autre fois ?
Ça vibre. Ah oui, mon téléphone. C’est qui ? Matt ? Non, un message de Sophie. Déjà ! Ça, ça me fait chaud à l’âme. Lisons :
« Il n’a plus jamais fait ça. Je crois que c’est grâce à toi. »
Les larmes qui jaillissent dans les yeux d’Aline vous empêchent de voir avec netteté le petit cœur rouge qu’elle a mis à la fin.